Le superéthanol
Biocarburant écologique et économique commercialisé en France depuis le 1er janvier 2007, le superéthanol voit sa consommation augmenter fortement, avec un bond de 49% sur les dix premiers mois de 2018, relativement à la même période en 2017.

Le superéthanol

Un biocarburant agricole
Les biocarburants sont des carburants obtenus à partir de la biomasse. Ils sont généralement incorporés dans les carburants d’origine fossile. Pour l'essence, il est possible d'intégrer de l'éthanol.

Le superéthanol E85 est un biocarburant qui contient entre 65 et 85 % en volume d'éthanol, mélangé à de l'essence. La matière première à partir de laquelle est synthétisé cet éthanol provient, en France, des betteraves, des céréales ainsi que de résidus de la production de sucre et d’amidon. Au Brésil, où se trouve le plus important parc de véhicules roulant à l'éthanol, on utilise la canne à sucre.
L'un des intérêts du bioéthanol est son impact environnemental réduit : en prenant en compte chaque étape, de la production à la consommation, l'éthanol européen permet en moyenne une réduction de 70 %  des émissions de gaz à effet de serre par rapport à l’essence (chiffre de l’année 2017 calculé par l’association européenne ePURE). Le carburant Superéthanol E85, qui contient 85 % d’éthanol en été et 65 % en hiver, réduit donc les émissions de gaz à effet de serre de plus de 50 % par rapport à l’essence pure. Il réduit également les émissions de particules fines de 90% et celles d’oxydes d’azote de 30%. De plus, les coproduits générés par la production de l'éthanol (pulpes de betteraves et drêches de céréales) sont valorisés dans l’alimentation animalequ’ils enrichissent en cellulose et en protéines. 

Sur le plan économique, l'intérêt de se trourner vers le superéthanol est de pouvoir s'affranchir de la dépendance énergétique extérieure. Avec une production nationale de 12 millions d’hectolitres/an, la France est le 1er producteur européen de bioéthanol. Les matières premières proviennent quasi exclusivement de 1% de la surface agricole utile française, soit 300 000 hectares. Il existe pas moins de 16 sites de production qui transforment cette biomasse en biocarburant, avec des procédés dits de première génération, en attendant la deuxième génération, en cours de développement.

Du flexfuel au kit pour tout véhicule
Lors du commencement de la commercialisation de l'E85 seuls les véhicules à carburant modulable (FlexFuel) pouvaient utiliser ce nouveau carburant, ainsi que tous les autres types d'essence. Le principe est d’adapter le fonctionnement du moteur à explosion classique à la proportion d’éthanol présente dans le réservoir en mélange avec de l’essence (entre 0 % et 85 %), car un litre d’éthanol contient un tiers d’énergie en moins qu’un litre d’essence. Il faut donc augmenter les temps d’injection pour injecter davantage de carburant dans les cylindres quand la proportion d’éthanol est plus élevée. Le calculateur du véhicule doit donc disposer de la donnée concernant la proportion d’éthanol dans le carburant, soit en analysant en continu l’oxygène dans les gaz d’échappement grâce à la "sonde lambda", soit en mesurant la proportion d’éthanol directement dans le carburant. La norme technique de l’éthanol pour les carburants prévoit une quasi absence d’eau, ce qui évite tout risque de corrosion des pièces métalliques.  La maîtrise de la chaîne d’approvisionnement de l’éthanol et des carburants assure l’absence de reprise d’eau par l’éthanol. L’éthanol étant présent depuis longtemps en petites proportions dans le SP95 (5%) et le SP95-E10 (10 % au maximum), les polymères en contact avec le carburant, dans les réservoirs, durites et joints, ont été conçus  pour être insensibles à l’éthanol pour la plupart des modèles immatriculés depuis 2000 et de nombreux autres modèles avant cette date.

Ces véhicules ont connu un succès limité, avec 32 471 véhicules en France en 2018. En revanche, des boîtiers d'adaptation ont été développés pour que des véhicules à essence récents puissent rouler au Superéthanol E85. Placés entre le calculateur d'injection et le moteur, ces boîtiers servent à injecter la bonne quantité de carburant en fonction de la proportion d’éthanol présente dans le réservoir, pour un fonctionnement optimal. De cette manière, une voiture équipée d’un boîtier E85 pourra rouler à l’ensemble des carburants essence (SP98, SP95, SP95-E10 et E85).
La récente homologation des kits joue certainement dans le succès du carburant "vert", qui est surtout favorisé par la hausse des prix des hydrocarbures fossiles.

Une idée pas si récente
L'utilisation des biocarburants (même s'ils ne portaient pas encore ce nom là) remonte aussi loin que l'invention des voitures, à savoir, dès la fin du XIXe siècle. Ainsi Nikolaus Otto, l'inventeur du moteur à explosion, avait conçu son moteur pour qu’il puisse fonctionner à l’éthanol. Cet alcool était produit par gazéification de produits carbonés, en particulier du bois. Vient le tour de Rudolf Diesel (1858-1913), inventeur du moteur qui porte son nom, qui faisait fonctionner son invention à l’huile d’arachide. Enfin, les férus d’automobile savent probablement que la mythique Ford T roulait au bioéthanol. Ces carburants d’origine végétale ont été abandonnés lorsque le pétrole, exploité à profusion, était moins cher et semblait inépuisable. Il aura fallu les chocs pétroliers, puis le réchauffement climatique, pour que l’on reconsidère leur sort.

Publié le 30/11/2018

Yassa HARBANE

 

En savoir plus:

Sur le bioéthanol:
https://www.bioethanolcarburant.com/tout-sur-le-bioethanol/presentation/

Syndicat National des Producteurs d'Alcool Agricole (SNPAA):
http://www.alcool-bioethanol.net/

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