Comment obtenir du biométhane ?
Pour faire du biométhane, il vous faut des déchets végétaux. Ces déchets peuvent être récoltés de multiples manières : on peut par exemple utiliser des déchets d’origine agricole, mais également ceux issus du tri sélectif. Une fois ces déchets récoltés, on procède à leur méthanisation : on les fait fermenter pour obtenir du biogaz, un gaz composé essentiellement de CO2 et de méthane. Ce gaz peut être utilisé directement pour produire de la chaleur localement. Mais à moins d’être sur un site extrêmement vorace en chaleur, il y aura de l’excédent. Afin de valoriser cet excédent, on le purifie afin qu’il soit possible de l’injecter dans le réseau gazier. Le gaz purifié que l’on obtient alors est du biométhane.
Cette méthode d'obtention du biométhane est dite de première génération. Deux autres générations sont en cours d'élaboration. La deuxième, qui est actuellement en phase de test et devrait être utilisée au niveau industriel d'ici à 2020, consiste à obtenir du biogaz à partir de lignocellulose (fibre de bois). La troisième, qui est de loin la plus prometteuse, permettrait de générer ce gaz à partir de microalgues. Son utilisation industrielle n'est pas envisagée avant 2050.
De nombreux avantages
Le biométhane se caractérise en premier lieu par son adaptabilité. Si on peut l'injecter dans le réseau gazier, il peut être valorisé de nombreuses manières. En plus de la production de chaleur, on peut en effet l’utiliser afin de produire de l’électricité, ou encore comme carburant pour les transports.
Contrairement à d’autres énergies renouvelables (solaire ou éolien notamment), le processus de production du biogaz est continu. De plus c’est une matière première que l’on peut aisément stocker.
D'autre part, il permet de donner une deuxième vie à des déchets autrement inutilisables, qui constituent alors une matière première peu onéreuse, et disponible presque partout. Et rien n’est perdu, puisqu’après la méthanisation le résidu, appelé digestat, peut encore être utilisé comme engrais naturel (compost).
La troisième génération aurait un avantage supplémentaire. En effet, les microalgues possèdent des capacités de bioremédiation, c'est-à-dire qu'elles sont capables de « filtrer » l'air ou l'eau et de les dépolluer.
Une filière en plein boum
Le développement de la filière biométhane pourrait être un élément permettant de réduire la dépendance énergétique des pays comme la France, qui n’a pas de ressources gazières importantes. En 2012, le pays a importé l’équivalent de 560 TWh de gaz naturel. D’après GrDF, le potentiel de production avoisine actuellement les 210 TWh pour la première génération (soit 40% des importations annuelles), et la deuxième permettrait d'en obtenir près de 100 en 2020 (20%) et jusqu'à 280 en 2050.
La filière, qui représente 17000 emplois directs, est en pleine explosion. L'Europe comptait seulement 13 installations connectées au réseau de distribution de gaz en 2000, et ce chiffre s'élevait à 160 en 2011. Fin 2013, on a atteint les 290 installations.
En 2011, une loi visant à permettre un meilleur développement de la filière, qui fixe notamment des prix de vente sensés compensé l'investissement nécessaire, a été votée. Sur les 300 unités de production déjà actives, il devrait y avoir entre 20 et 25 qui injecteront du biométhane dans le réseau fin 2014. Mais plus de 400 projets sont actuellement en phase d'instruction, et 69 sont en phase d'étude détaillée. Depuis le 26 juin dernier, il est désormais possible d'injecter du biométhane issu de boues d'épuration, et le gouvernement vient d'annoncer 12 mesures de soutien à la filière. L'énorme potentiel du biométhane est donc en bonne voie de réalisation.