Le 12 novembre, pour la première fois dans l'histoire, une sonde spatiale va tenter de se poser sur une comète, 67P/Churyumov-Gerasimenko, Tchouri pour les intimes, après plus de 10 ans de voyage interplanétaire. La mise en orbite du vaisseau spatial européen Rosetta, parti de la Terre il y a dix ans est déjà en soi une première de l'exploration du système solaire. Le déploiement de son module d'atterrissage, Philae, qui doit s'arrimer à la surface de la comète, devrait compléter ce succès.
Objectifs scientifiques
Les comètes intéressent les astrophysiciens car elles pourraient nous en apprendre beaucoup sur les origines du système solaire et de la vie. En effet, elles auraient été formées dans la nébuleuse solaire primitive, et elles ont été très peu modifiées depuis la genèse du système solaire, car elles se trouvent la plupart du temps très loin du Soleil. Les comètes sont ainsi des témoins privilégiés de ces premiers temps du système solaire.
La mission Rosetta a également pour but de vérifier si les comètes ont pu apporter de l’eau et du carbone (l'élément indispensable à la chimie du vivant). Les comètes pourraient en effet avoir joué un rôle très important dans l’apparition de la vie sur Terre, en y apportant ces deux ingrédients indispensables. La sonde a donc pour rôle d'étudier l'atmosphère et la surface de la comète, grâce à une batterie d'instruments scientifiques.
Défis techniques
Le point de rencontre de la comète et de Rosetta est situé à quelque 800 millions de km de la Terre. Les défis techniques de la mission sont donc la distance à parcourir et la très large plage de températures à laquelle la sonde sera confrontée, des plus froides aux plus élevées.
Afin d’économiser le carburant, Rosetta a utilisé ce qu'on appelle l’assistance gravitationnelle. Chaque fois que la sonde passe près d’une planète, elle en subit l’attraction, ce qui modifie sa vitesse et sa trajectoire. Rosetta a ainsi gagné 10 km/s (360 000 km/h) depuis son lancement. Elle aura eu recours quatre fois à ce procédé pour rejoindre l’orbite de la comète, trois fois avec la Terre, une fois avec Mars.
Rosetta a utilisé un autre stratagème courant pour économiser du carburant : la mise en veille. Utilisée pour la première fois par la sonde Giotto (glorieux prédécesseur de Rosetta), cette « hibernation » permet de désactiver la sonde et de la réactiver à distance afin de minimiser sa consommation lorsqu’elle est loin du Soleil. Rosetta aura passé 31 mois (de juin 2011 à janvier 2014) dans cet état. Techniquement, en particulier du côté électronique, le défi n'est pas lié à des performances éblouissantes mais à l'exigence de fiabilité, de robustesse, de « durcissement » des équipements aux conditions spatiales (rayonnement, températures extrêmes). Au plan énergétique, l'alimentation solaire s'appuie sur des panneaux à haute performance.