Des enzymes pour recycler le plastique
Une PME française est à l’origine d’un procédé innovant qui permet de recycler efficacement le matériau des bouteilles et emballages plastiques. Une véritable avancée pour résoudre la question de la gestion des plastiques et de leurs déchets.

Des enzymes pour recycler le plastique

La piste des enzymes

Implantée à Clermont-Ferrand et spécialiste de la chimie des plastiques : polyesters (PET, PLA) et les polyamides, Carbios a conçu un procédé innovant qui dégrade et recycle efficacement le polyéthylène téréphtalate (PET), polymère universellement utilisé dans la fabrication des bouteilles et emballages plastiques. Ce procédé implique un catalyseur biologique, une enzyme qui permet de dépolymériser le PET, pour revenir à ses briques de bases, les monomères. Un peu comme un ciseau qui détacherait les perles d'un collier. Une fois purifiés, ces monomères peuvent être à nouveau polymérisés. Le gros avantage est d'éviter de produire des monomères à partir d'hydrocarbures, ce qui améliorera le bilan carbone de la filière. De plus, la mise en œuvre de ces enzymes conserve les qualités des molécules contrairement aux opérations thermomécaniques, qui les dégradent. Du fait de cette dégradation, la valorisation des déchets plastiques se fait souvent dans des filières à moindre valeur ajoutée. Là, ce n'est pas le cas, il s'agit d'un véritable recyclage, les déchets d'un produit après son utilisation servant de matière première pour la fabrication du même produit, comme pour le verre ou l'acier.

Une filière en route vers l'économie circulaire

La technologie s’adresse aux industriels de la plasturgie. Elle cible le marché mondial des bouteilles plastiques (eau, lait, produits cosmétiques…), emballages et films, en attendant d'attaquer celui des fibres polyesters. Cela représente chaque année 70 millions de tonnes par an dans le monde. On comprend que l'article présentant ce procédé original, co-signé par le Toulouse Biotechnology Institute (Insa Toulouse/Inrae/CNRS) et Carbios, ait fait la une du prestigieux journal Nature. Soutenue par les utilisateurs de PET (qui fabriquent les emballages et bouteilles), l'innovation pourra être licenciée aux producteurs de résines de PET, généralement des pétrochimistes. Pour ces industriels, cela revient à changer l'origine de la matière première, entrant ainsi dans l'ère nouvelle de l'économie circulaire du PET.