Un pari réussi
Ce 6 février 2018, des millions de personnes ont suivi en direct le décollage de la méga-fusée Falcon Heavy de SpaceX, l'entreprise phare du « New Space ». A bord : Starman, un mannequin en scaphandre au volant d'une Roadster de Tesla branchée sur Space Oddity et Life on Mars de David Bowie. Un spectacle très américain, orchestré par Elon Musk, le fondateur de PayPal, Tesla Motors et Space X, dont l'ambition prométhéenne depuis 2011 est la conquête spatiale, avec Mars en ligne de mire pour une éventuelle installation. Alors que le projet a été reporté nombre de fois pour des raisons météorologiques, et failli être annulé plusieurs fois, il s'est enfin concrétisé sous le ciel floridien de Cap Canaveral avec la mise à feu réussie de ses trois propulseurs latéraux - dont deux réutilisables sont revenus depuis se poser sur Terre (le troisième booster arrivant trop vite s'est échoué en mer). La technologie des propulseurs réutilisables a d'ailleurs fait l'objet ces dernières années d'importants développements des sociétés et institutions telles Amazon, la NASA et SpaceX là où les lancements classiques utilisent des moyens de propulsion qui sont détruits et rejetés dans les océans après leur utilisation.
Une prouesse technique
Capable de supporter une charge de plus de 60 tonnes, la "plus grosse fusée au monde" équivaut en terme de masse à près d'une vingtaine de Boeing 747 ; propulsée par 27 moteurs Merlin, elle n'a heureusement pas explosé sur le pas de tir et devrait accomplir sa destinée cosmique en atteignant Mars dans 6 mois ; si elle survit aux radiations, elle partira ensuite tourner autour du soleil, pour quelques millions d'années... « J'aime l'idée qu'une voiture roulant à l'infini dans l'espace puisse être découvrable par des extra-terrestres dans plusieurs millions d'années » s'est enthousiasmé l'homme d'affaires. Il a également précisé que le projet de transporter des hommes et des femmes sur Mars devrait prochainement voir le jour à travers sa fusée baptisée sobrement "Big Fucking Rocket".
Une manière pour le milliardaire excentrique, dont les projets fous se multiplient (c'est aussi l'auteur du projet « Hyperloop, », le train sous vide capable d'atteindre des vitesses proches de 1000km/h, entre San Francisco et Los Angeles), de faire un coup de publicité pour sa société SpaceX, promise à un rôle majeur dans l'industrie spatiale du futur.
Yannis Benzaïd