De multiples entités sont impliquées dans la veille sanitaire au niveau national. Elles se portent garante de la santé publique et doivent se montrer prêtes à réagir face au risque d'épidémie dans le cas ou le pathogène serait localisé sur notre territoire.
Sur le terrain
En pratique, sur le terrain, les hôpitaux sont un premier rempart dans la lutte contre l’épidémie. Parmi les centres habilités à prendre en charge d’éventuels patients présentant des symptômes suspects, on peut citer l’hôpital Bichat de Paris, qui dispose d’un service de maladies infectieuses et tropicales (SMIT) composé de salles d’isolement, dont le personnel est soumis à des mesures d’hygiène fortement renforcées et qui a reçu des consignes bien définies pour interagir avec les malades. En Ile-de-France, les hôpitaux Necker et Bégin (militaire) sont également aptes à recevoir tout cas potentiel. Ce sont les Agences Régionales de Santé (ARS) qui évaluent à leur échelle les besoins de santé des individus et qui donnent leur feu vert aux hôpitaux pour accueillir ou non des cas avérés ou suspects.
De son côté, l’ONG Médecins Sans Frontières fait figure de référence internationale en matière d’actions concrètes sur le terrain. Ses membres interviennent depuis plusieurs mois sur place, au contact des populations touchées dans les pays concernés (Sierra Leone, Guinée, Libéria principalement) pour apporter les soins les plus élémentaires. Les volontaires réalisent de réels efforts au quotidien pour faire face dans la mesure du possible aux urgences sanitaires qui se présentent dans ces zones du monde. Par exemple, ils ont mis en place plusieurs camps de prise en charge des malades, à la fois pour leur administrer des soins mais également pour limiter la propagation du virus.
La veille sanitaire
En plus des acteurs directs qui agissent directement sur place, différentes institutions nationales sont en charge d’assurer une veille sanitaire permanente. Leur travail doit permettre de collecter et d’analyser les informations d’ordre épidémiologique pour permettre la prévention d’épidémies et de maladies. C’est ce suivi qui donne suite à des mesures et recommandations renforcées concrètes à proposer aux populations, notamment si des cas seraient déclarés.
L’Institut National de Veille Sanitaire (InVS) est le premier acteur à prendre part à cette veille. Son rôle est de recueillir des informations sur l’évolution des risques sanitaires directement au sein des populations.. Au niveau régional, les différentes Agences Régionales de Santé (ARS) évaluent les risques de santé et doivent par exemple être contactées pour tout cas suspect d’Ebola, afin de prendre des décisions rapides sur la marche à suivre. Aussi, la Direction Générale de la Santé (DGS), sous la direction du Ministère des Affaires Sociales et de la Santé, assure la politique générale de santé publique de l’État. A échelle planétaire, c’est l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui dicte ses consignes en matière de santé : elle définit les programmes de recherche, fixe des normes et des critères à respecter et fournit un soutien aux pays qui ont besoin d’aide.
La recherche scientifique
Mais pour faire bouger les choses, en plus de mener des actions et d’assurer une surveillance accrue des zones à risque, il faut également que la recherche avance. Plus les connaissances sur le virus progresse, plus il sera envisageable de lutter contre lui de façon définitive. En France, de nombreux organismes s’attèlent à cette tâche. L’Institut Pasteur fait figure de référence en matière de recherche virologique et se mobilise activement sur le virus Ebola. D’autres organismes participent de même aux recherches comme l’INSERM ou bien l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD), ce dernier s’intéressant notamment au volet social que représente l’épidémie.
Les laboratoires
Enfin, les laboratoires pharmaceutiques ont également un rôle important à jouer dans la lutte contre l’épidémie. A l’heure actuelle, il n’existe toujours aucun vaccin ni traitement confirmé contre Ebola, mais l’OMS rappelle que « toute une gamme de traitements potentiels, y compris des produits sanguins, des thérapies immunitaires et des traitements médicamenteux sont en cours d’évaluation ». Parmi les firmes qui y travaillent, on retrouve :
- la société américaine Mapp Biopharmaceutical qui produit le ZMapp, déjà fourni aux populations africaines frappées par l’épidémie. Ce traitement (qui n’est pas un vaccin) semble avoir obtenu des effets encourageants chez les singes. Les résultats sur le long terme chez l’Homme sont cependant encore incertains, mais les premiers résultats mettent en évidence des effets positifs.
- Le laboratoire japonais Toyama Chemical a proposé le Favipiravir, un antiviral contre la grippe également utilisé aux Etats-Unis, bien qu’encore aucune expérimentation n’ait été démarrée chez l’Homme.
- La société canadienne Tekmira Pharmaceuticals développe de son côté le TKM-110-802, un médicament également à l’étude, mais rien ne permet pour le moment d’évaluer son efficacité.
Ces trois traitements proposés par des laboratoires étrangers ont été autorisés pour le moment en France. Cependant, l’efficacité d’aucune de ces trois pistes n’a été confirmée.
Un ensemble d’acteurs sont ainsi mobilisés au quotidien dans les laboratoires, les instituts nationaux, et au contact des populations affectées, pour se préparer à l’éventuelle arrivée d’Ebola sur le sol français. Même si elle est à craindre, les risques d’une propagation rapide restent très faibles, en raison des performances élevées de notre système de santé et des soins que les professionnels sont capables de prodiguer. L’enjeu pour les représentants de la santé publique est de rester vigilant et d’être prêts à réagir rapidement en cas de risque sanitaire.