Le transhumanisme : entre espoirs, attentes et craintes
Le terme “transhumanisme” a commencé à être popularisé dans les années 1990. À partir de cette époque, les NBIC, c’est-à-dire les nanotechnologies, la biologie, l’informatique et les sciences cognitives ont commencé à converger, décuplant la puissance de recherche et permettant des avancées spectaculaires. Mais que recouvre exactement le terme de transhumanisme ?

Le transhumanisme : entre espoirs, attentes et craintes

Le transhumanisme, qu’est-ce que c’est ? 

Le transhumanisme est un mouvement qui encourage l'utilisation des sciences et de la technologie afin d'améliorer les capacités physiques et mentales de l'être humain. Les transhumanistes cherchent à développer les possibilités techniques afin que les gens vivent plus longtemps et en meilleure santé tout en augmentant leurs capacités intellectuelles, physiques et émotionnelles.

Le développement technique, qui permet d’augmenter les capacités de l’homme depuis toujours (invention de la roue, découverte des vaccins etc.) a pris un tournant beaucoup plus radical à l’ère des nouvelles technologies. Avec les progrès de la biologie et du numérique, la frontière entre l’être humain et les artefacts tend à s’estomper : objets connectés en tout genre, lentilles permettant de prendre des photos, prothèses intelligentes, implants… ces inventions sont déjà là.

Mais ce que le transhumanisme porte, cette idée de “l’humain augmenté”, ne se limite pas à ces outils connectés au corps.  La recherche sur les organes artificiels progresse.  La biologie moléculaire, le “génie génétique” et la génomique ouvrent des perspectives inouïes en s'attaquant à l'hérédité .  Ainsi, depuis 2012, la technique CRISPR-Cas9 a démocratisé la manipulation ciblée de l'ADN. Ces inventions sont censées révolutionner la médecine en permettant de nouvelles approches diagnostiques et thérapeutiques pour certaines maladies génétiques humaines ou en conduisant à la médecine personnalisée.

Toutefois, ces avancées scientifique posent des questions éthiques. Pour ne pas tomber dans l’eugénisme, des limites restent à établir pour l’utilisation de tels outils. 

Les problématiques posées par le transhumanisme 

Cette volonté de créer des êtres humains “augmentés” soulève des questions scientifiques, sociales et éthiques nouvelles. L'homme serait désormais en mesure d’intervenir techniquement sur sa propre évolution, non seulement à l’échelle de l’individu, mais aussi à celle de l’espèce. La limite entre transhumanisme et eugénisme est donc ténue. 

Une autre source de controverse relative au projet transhumaniste est la question de la justice sociale. Beaucoup craignent que la possibilité d’améliorer de façon radicale les capacités humaines ne creuse un fossé entre ceux qui feront usage de ces nouvelles technologies, et ceux qui ne voudront pas le faire, ou ne le pourront pas, faute de moyens, amplifiant ainsi les inégalités socio-économiques existantes.   

Les acteurs principaux du transhumanisme 

Aujourd'hui, Google est un acteur majeur du transhumanisme, notamment en parrainant la Singularity University qui forme les spécialistes des NBIC. Ray Kurzweil, surnommé le "pape" du transhumanisme et embauché par Google en 2012, dirige en personne cette université. Il a notamment affirmé que « dans trente ans, les humains seront capables de télécharger leur esprit en totalité vers des ordinateurs pour devenir numériquement immortels. » (Global Futures 2045 International Congress, 2015).

On trouve également des associations comme Humanity +, anciennement World Transhumanist Association, qui publie son propre magazine, H+ Magazine. Il existe également beaucoup d’autres associations, instituts, entreprises etc. Qui gravitent autour de Humanity + :  

  • Alcor s’est spécialisée dans la cryogénie d’êtres humains décédés dans l’optique de les ramener en vie dans le futur.
  • Initiative 2045 projette le développement d’avatar virtuels dans lesquels sont transférés l’intégralité de la conscience d’un être humain.
  • Methusela finance la recherche concernant la médecine régénérative et les organes artificiels dans le but d’empêcher le processus de vieillissement. 

Outre ces initiatives, de nombreuses innovations portées par des start-up s’inscrivent dans la perspective de l'humain augmenté. L'enseignement supérieur prend en compte ces enjeux éthiques posés par le transhumanisme en proposant des masters d’éthique, science, santé et société pour répondre à ces nouveaux défis auxquels la science se prépare. 

 

Publié le 21 juillet 2017

En savoir plus:

Le site d’Humanity + : http://humanityplus.org

Autour de la génétique : http://sciences-en-ligne.net/dico/1/entry/2170

Sur la génomique : http://exploratheque.net/articles/genomique-et-bio-informatique

Le master d’éthique, science, santé et société de Paris-Saclay : http://www.u-psud.fr/fr/formations/diplomes/masters/ethique_sciences_sante_societe.html

Le master d’éthique, science, santé et société de Marseille : http://master-pathologie-humaine.org/-Ethique-science-sante-et-societe-.html?lang=fr