Du machinisme au numérique
Dès le troisième millénaire avant notre ère, les Mésopotamiens eurent l’idée de l’araire pour labourer les champs. La mécanisation de l'agriculture a fait son apparition au XVIIIe siècle, avec par exemple le semoir en 1700, la moissonneuse-batteuse en 1834, le tracteur en 1881 et l’attelage trois-points en 1926, un système reliant une machine agricole comme une charrue à un tracteur. L'objectif est d'améliorer les rendements de ce secteur qui nourrit l'humanité, tout en l'intégrant dans une activité socialement utile et écologiquement responsable.
Au XXe siècle, le fort développement de la mécanisation et le recours massif aux intrants chimiques ont conduit à de hauts rendements à court terme, au prix d'appauvrissement des sols et des écosystèmes. Une des solutions pour nourrir les dix milliards d’habitants que certaines prévisions estiment d'ici 2050, dans le cadre d'une transition vers une agriculture durable, réside dans le développement de l'agriculture connectée, nommée « révolution numérique » par écho aux révolutions industrielles et vertes du passé.
La contribution du numérique à une agriculture plus durable
Le but de l’agriculture numérique est d’abord le confort de travail qu’elle procure à la productrice ou au producteur, par exemple par l’utilisation de machines automatisées et pilotées sur une tablette ou un téléphone portable, ou le guidage automatique de type GNSS (Global Navigation Satellite System). Les téléphones portables sont omniprésents, y compris dans les pays en voie de développement, d’où la création du programme mAgri par la GMSA (Groupe Special Mobile Association), l’association de fournisseur de mobiles, d’opérateurs et de coopératives d’agriculteurs, qui vise à accélérer le développement de services mobiles pour les petites exploitations.
Au-delà de ces avantages directs, certains objets connectés proposent une approche relativement plus durable de l’agriculture. Certains capteurs, en mesurant l’état hydrique des plantes, la qualité des sols et la présence de ravageurs, constituent un réseau d’informations qui permet de moduler les doses, de ne diffuser que la quantité d’eau et de pesticides nécessaires sur son exploitation. Par exemple, le tracteur connecté de Claas bénéficie d'un pilotage automatique fondé sur l'utilisation de nombreux capteurs afin d'adapter la dose et le type d’engrais au sol labouré, ce qui réduit l’épandage abusif et inapproprié. Le drone SEQUOIA de Parrot, lui, possède quatre objectifs multi-spectraux, qui déterminent l’état de santé de la culture survolée.
D'autres techniques de l'agriculture connectée visent à se passer des outils traditionnels de l'agriculture productiviste en vue d'une agriculture véritablement durable, grâce à des alternatives liées aux domaines de la transition agro-écologique. Ainsi, le drone Trichofly, développé par la société Agribird, largue des capsules de trichogramme sur les champs de maïs. La larve de ces parasites se développe à l'intérieur des œufs de la pyrale du maïs, un papillon dont la chenille ravage les cultures, évitant d'utiliser des méthodes de lutte chimique ou du maïs génétiquement modifié résistant à la pyrale.
Promouvoir la révolution numérique de l'agriculture
Le 9 mars 2017, l’association des anciens élèves d'AgroSup Dijon Alumni a organisé une conférence intitulée Agriculture connectée, alliée du développement durable ?, en collaboration avec AgroSup Dijon et sous l’égide de l’Académie d’Agriculture de France. L'événement a mis en avant les enjeux de l’agriculture connectée : nouvelles manières de travailler, nouveaux champs de recherche, nouvelles voies d'investissements et d'innovation dans le développement durable.
Afin de mettre en scène l'enjeu du numérique dans la transition agricole, un concours de bande dessinée est organisé par le groupement d'intérêt scientifique Relance Agronomique et la Direction Générale de l'Enseignement et de la Recherche pour illustrer « La journée d’un·e agriculteur·trice dans un monde post-révolution numérique ». Ouvert aux étudiant·e·s du secondaire et supérieur, les inscriptions sont ouvertes jusqu'au premier décembre 2017, et les projets pourront être déposés jusqu'au 28 janvier 2018.