Isolation des bâtiments sans tenir compte du bon renouvellement de l’air intérieur
Pour mesurer la qualité de l’air intérieur, les chercheurs se sont intéressés à la concentration de trois types de polluants : les polluants chimiques, tels que les Composés Organiques Volatils (COV et aldéhydes), les moisissures, des bio-contaminants et le radon un polluant naturel, dans les logements à faible consommation énergétique. Cette étude a été menée par des chercheurs de l’EPFL, de la Haute Ecole d’ingénierie et d’architecture de Fribourg (HEIA-FR) et d’Unisanté, le Centre universitaire de médecine générale et santé publique, associée à des experts indépendants. Le but était d’analyser sur 650 logements, la qualité de l’air à l’intérieur, grâce à la mobilisation des habitants entre 2013 et 2016 à travers questionnaires sur leur habitudes de vie et logement et kits de mesure. Les résultats sont révélateurs : les bâtiments avec des façades isolées, mais sans avoir pris compte du bon renouvellement de l’air avaient une plus grande quantité de polluants que la norme. « En créant des « maisons thermos » pour empêcher l’énergie de sortir du bâtiment, on empêche aussi le radon de s’évacuer. Dans ces rénovations, l’étanchéité des surfaces en contact avec le terrain est rarement traitée. Il n’y a donc pas plus de radon qui pénètre dans le bâtiment après la rénovation, en revanche, après rénovation, il est piégé à l’intérieur. Ainsi, en Suisse où les logements traditionnels sont peu équipés de systèmes de renouvellement d’air, la concentration de radon augmente, mais pas seulement : c’est aussi vrai pour les COV, l’humidité, le développement des moisissures… » Explique, Joëlle Goyette Pernot, délégué radon de l’Office fédéral de la santé publique en Suisse.
Observations
Dans les bâtiments équipés d’une ventilation mécanique, la concentration de polluants chimiques est moins importante. Les chercheurs expliquent le taux élevé de COV dans les immeubles construits entre 1950 et 1990 par les matériaux de construction utilisés à l'époque, par l’absence de fuites d’air naturelles et par les nouvelles conditions d’isolation suite à la rénovation énergétique. L’absence de ventilation mécanique est également l’une des causes. Pour le radon, cette substance nocive d’origine naturelle, une augmentation de 20 % est observée par les chercheurs, après rénovation par rapport à avant, en l’absence d’un élément de renouvellement d’air. Certains environnements sont plus accueillants pour ces agents polluants : les caves dans un environnement naturel dans des régions avec une forte présence de radon. De plus, les logements en zones péri-urbaines, présentent une plus grande prévalence en moisissure visible et une plus grande diversité des espèces que les zones urbaines et rurales. Lorsque le garage est intégré dans le bâtiment, les concentrations mesurées de COV sont 2 à 3 fois supérieures que lorsqu’il est indépendant. Enfin, le mobilier, qui a l’une des plus importantes capacités de stockage de polluants, peut également altérer la qualité de l’air.
Comment se prémunir ?
Le dénominateur commun qui explique la présence d’espèces plus ou moins allergènes et toxiques est en grande partie l’absence de ventilation mécanique. Celle-ci permet de supprimer l’humidité et limite la prolifération des moisissures. La présence d’un système de ventilation est ainsi primordial, l’aération par l’ouverture des fenêtres étant insuffisante selon les chercheurs. Pour préserver, une bonne qualité d’air intérieur, les chercheurs de cette étude sensibilisent professionnels du bâtiments, autorités compétentes, population à s’intéresser davantage à cet aspect lors de rénovations. Ceci, pour porter un regard plus écologique et se prémunir des conséquences sanitaires potentiellement importante de ces agents. En effet, une forte quantité de radon associé au COV peut causer un cancer du poumon, des troubles respiratoires et cardiaques et certains cancers.
Frida Hussain