Les enjeux du développement des robots livreurs
Le développement du e-commerce va contribuer à l’accroissement du trafic en ville. De plus, le stationnement, souvent en double file, des véhicules de livraison, génère des bouchons. Pour fluidifier la circulation, les robots livreurs accompagnateurs représentent une solution intéressante pour la livraison sur le dernier kilomètre. Capables de transporter des charges allant jusqu’à 300 kg, ils limitent les allers-retours et permettent d'optimiser les tournées. Le processus est simple : « on part d’une plateforme logistique avec des paquets à livrer, on trouve une zone de stationnement à proximité du quartier ou de la zone à desservir ; une fois stationné, le robot-livreur effectue l’ensemble des livraisons dans le quartier », comme l’explique Jean-Laurent Franchineau, directeur Grands Comptes chez VEDECOM. Le déploiement de robots livreurs conduirait à une réduction des émissions de CO2, grâce à leur motorisation électrique d'une part, et à la diminution de la congestion du trafic urbain d'autre part.
Dans les entrepôts et centres logistiques également, les chariots autoguidés et autres véhicules à guidage automatique (VGA) optimisent les déplacements et renforcent ainsi la productivité de la chaîne logistique.
Les technologies
Pour l’instant, les robots livreurs sont principalement des robots « mules », c’est-à-dire qu’ils suivent le livreur, qu'ils reconnaissent grâce à des caméras et à des systèmes d'IA. Ils ont l'avantage de réduire les risques de troubles musculo-squelettiques en soulageant les opérateurs du port de charges. Avec des motorisations électrique ou éventuellement hydrogène, leur vitesse de croisière est de 5 km/h, soit la vitesse de la marche, mais ils peuvent aller jusqu’à 12 km/h environ. Ils sont capables d’éviter les obstacles notamment grâce à des lidars et des capteurs Doppler de proximité. Des gyroscopes donnent des informations sur l’inclinaison du véhicule. Les robots sont donc capables d’adapter leur comportement avant de s’engager sur une pente : par exemple en décélérant de façon progressive pour éviter de basculer.
Par ailleurs, il est possible de constituer des convois de robots, qui se suivent les uns les autres. C'est le mode platooning. Il permet d’accroître la capacité de transport pour un seul accompagnateur.
Le temps de l'expérimentation
L’institut VEDECOM s’intéresse aux enjeux des mobilités de demain, et notamment aux robots livreurs européens, dont il a fait une sélection sur son site web Mobility Camp. Il est maître d’œuvre d’une d’expérimentation d’envergure baptisée SAM pour Sécurité et Acceptabilité des Mobilités Autonomes, qui va durer 3 ans et mobiliser une centaine de véhicules autonomes sur 19 parcours en France.
Exemple à Montpellier avec un premier cas d’usage piloté par Twinswheel en partenariat avec l'entreprise de transports STEF : approvisionner des magasins en centre-ville, en passant par des zones piétonnes, voire semi-piétonnes. Le robot Twinswheel est transporté par camion électrique jusqu'à un parking relais. Une fois déchargé, le robot distribue les paniers isothermes, de manière autonome et en circuit optimisé. Mesurant 130 cm par 80 cm, avec 60 cm de hauteur à vide (180 cm lorsqu’il est chargé), il emporte une charge allant jusqu'à 300 kg. Les commerçants sont alertés sur leur téléphone de la livraison et déverrouillent le robot pour récupérer le colis.
Autre projet en partenariat avec La Poste : un conteneur servant de boîte aux lettres et colis, chargé sur un droïde. Celui-ci peut se déplacer dans les zones piétonnes, ou dans les zones mixtes rencontrant parfois des véhicules. Il reste statique toute une journée pour permettre aux usagers de déposer lettres et colis, et il est changé de lieu de stationnement quotidiennement.
Ces projets en phase de développement ouvrent la voie à l'intégration des robots et de l'intelligence artificielle au service de la mobilité.