Du « hackerspace » au « hub transdisciplinaire »
Complémentaire monde de la recherche académique, La Paillasse aide à lancer et accélérer des programmes scientifiques participatifs et ouverts. Sous la supervision d'un comité scientifique et éthique, il apporte les ressources nécessaires à la collaboration entre de grands centres de recherche, des acteurs industriels, des chercheur·euse·s et des citoyen·ne·s, avec pour objectif d'inventer librement les futurs usages et les technologies ouvertes de demain, comme la technique d’analyse de l’ADN à bas-coût ou l'encre biodégradable produite par des bactéries qui l'ont fait connaître. Les résultats des recherches peuvent conduire à la publication d'articles scientifiques, à la création d'entreprises ou même à l'élaboration d'une thèse.
Amorcé dans un squat de la banlieue parisienne au cours de l'année 2009, il s'agissait d'abord d'un laboratoire de biotechnologies ouvert, un « biohacklab ». La Paillasse s'est ensuite constituée en association, en 2011, avant de s'installer dans un espace de 750 mètres carrés au cœur de la capitale en 2014 et d'étendre ses projets à d'autres domaines telles que le numérique, les matériaux ou l'économie circulaire. Devenue un laboratoire transdisciplinaire, espace de débat, d'inspiration, d'expérimentations, de prototypage et d'entrepreneuriat, La Paillasse a essaimé à Lyon autour de projets bio-inspirés, à Cork en Irlande, ainsi qu'à Manille aux Philippines afin de répondre à des enjeux de développement humain, formant ainsi un réseau international de laboratoires ouverts.
Un écosystème de créatrices et créateurs
En plaçant la liberté d'action, l'ouverture et la transdisciplinarité au cœur de ses valeurs, le réseau de laboratoires interdisciplinaires La Paillasse rend les sciences et les technologies accessibles à toutes et à tous. La démarche est celle des technologies en libre accès et à bas coût, pour une action distribuée, coopérative et solidaire. Les sciences sont vues comme un outil de bien-être social et environnemental par l'entremise de l'entrepreneuriat, sous les formes de la désobéissance prospective et des contre-pouvoirs citoyens. En 2016, dans le cadre du budget participatif de la ville de Paris, l'association a été labellisée Espace de Coworking Étudiants-Entrepreneurs.
La Paillasse soutient des communautés telles que les circuits recherche et création explorant les recherches entre arts et sciences, les microfarmlabs autour de l'agriculture urbaine alternative ou le galactilab sur les technologies libres de l'astronomie. Elle offre un espace de travail avec les Open Residence, où biologie, chimie, électronique, design, textile, médecine et art se mélangent. L'appel à projet a été lancé pour la deuxième saison, qui sera lancée le 10 octobre 2017 pour une durée de quatre mois. À travers le projet de lancement d'un programme construit avec des établissements d'enseignement, l'association a aussi pour objectif d'initier une centaine de projets d'ici deux ans, en plaçant les étudiant·e·s au centre des dynamiques de création.
Le programme de recherche participatif Epidemium
Avec l'organisation de ses journées portes ouvertes en mars 2017, un temps fort des réalisations de La Paillasse est le développement d'Epidemium, premier programme de recherche participatif dédié à la compréhension de l'épidémiologie du cancer grâce aux traitements informatiques de masse de données. Qu'ils disposent ou non de connaissances précises sur le sujet, les étudiant·e·s, chercheur·euse·s, médecins, statisticien·ne·s et patient·e·s peuvent, chacun·e à leur manière, mettre leurs compétences au service du projet. Le projet se veut inclusif, puisque la présence des malades et de leurs représentant·e·s permet de faire émerger des idées inattendues mais prometteuses.
L'exploration en libre accès de l’épidémiologie du cancer éclaire ainsi l'enjeu de l’analyse des données dans le domaine de la santé, puisqu'aucun outil classique de gestion de base de données ne peut traiter les volumes massifs d'informations socio-démographiques et sanitaires produits quotidiennement. En respectant les limites éthiques liées à la vie des patient·e·s, de tels traitements de données pourraient permettre à l’épidémiologie d’être non seulement préventive, mais aussi prédictive, personnalisée et participative.
Publié le 25 juillet 2017