« Le doctorat devient un passeport pour l’entreprise »
« Le doctorat est une formation en pleine mutation qui peut apporter des compétences et une plus-value à une société privée ou à une collectivité, affirme Alain Muselli, le directeur de l’École doctorale de l'Université de Corse. Le plus bel exemple concerne l’inscription du doctorat au répertoire national des certifications professionnelles (RNCP), validée en 2018, elle est perçue comme un premier pas vers une reconnaissance du diplôme par le monde de l’entreprise. Ainsi, le doctorat n’est plus uniquement la porte d’entrée vers des carrières académiques, il devient un passeport pour l’entreprise ».
Après la thèse, il est possible de se diriger vers l'entreprise tout en restant chercheur. La loi Pacte ouvre ainsi cette possibilité pour les chercheurs qui souhaitent créer ou participer à l’activité d’une entreprise. Spécialistes dans leur domaine, les docteurs apportent expertise et qualité de travail aux organisations. Ainsi, les startups qui veulent révolutionner un secteur grâce à une innovation s’adressent de plus en plus à des experts dans leur domaine en mettant la recherche au cœur de leur stratégie.
La voie de la convention CIFRE
CIFRE, « convention industrielle de formation par la recherche », est un dispositif national créé en 1981, qui permet aux « entreprises de bénéficier d’une aide financière pour recruter de jeunes doctorants dont les projets de recherche, menés en liaison avec un laboratoire extérieur, conduiront à la soutenance d’une thèse ». L’ANRT, l’Association Nationale de la Recherche et de la Technologie, verse ainsi une subvention annuelle, sur trois ans, à l’organisme lorsque celui-ci emploie avec un doctorant. Les coûts supplémentaires peuvent être financés par le Crédit impôt recherche.
Les étudiants, quant à eux bénéficient du statut de doctorant-salarié. Grâce à ce double accompagnement, directeur de thèse et responsable scientifique en entreprise, le doctorant est en bonne voie pour son insertion professionnelle. L’insertion professionnelle n’en est que meilleure, comme l’explique Alain Musseli, directeur de cette école doctorale de l’Université de Corse : « Des études ont démontré que le temps d’accès à l’emploi d’un doctorant CIFRE était moindre vis-à-vis des doctorants conventionnels, En moyenne, 90 % d’entre eux trouvent un emploi six mois après la fin de leur stage et le taux d’insertion professionnelle est proche de 100 %. Il s’agit là d’un véritable tremplin, puisque près de 40 % des doctorants CIFRE sont embauchés dans l’organisation partenaire de leur contrat ».
Une insertion professionnelle optimisée
Les entreprises reconnaissent la plus-value que représentent les doctorants au sein de leur structure. Ainsi, Xavier Vitrac, directeur commercial de Phenobio, une start-up bordelaise spécialisée dans les cosmétiques et la fabrication d’extraits végétaux accueille des thésards de l’Université de Corse dès 2013 en convention CIFRE. La présence d’un doctorant spécialisé dans son domaine est un atout majeur pour l’organisation. Dans le cas de la start-up Phenobio, les projets de recherche ont mené à un dépôt de brevet.
Ange-Marie Pasquali, un doctorant en biochimie alimentaire a intégré les équipes de l’Office du développement agricole et rural de corse (ODARC). S’il est en cours de procédure pour une convention CIFRE, il explique le bien-fondé de ce double encadrement Université – Entreprise : « Le fait d’évoluer dans deux mondes aux exigences distinctes, celui de l’Université et d’une collectivité publique, permet d’associer véritablement la théorie et la pratique, témoigne Ange-Marie Pasquali. Cette double expérience apporte une approche différente, tout en mettant nos connaissances au service d’un projet de développement ».
« Longtemps cantonnées au domaine des sciences dures, les CIFRE s’ouvrent d’ailleurs de plus en plus aux autres disciplines : un quart d’entre elles relève désormais du champ des sciences humaines et sociales. Un pari qui se révèle d’ailleurs gagnant pour bon nombre de doctorants qui ont choisi d’emprunter cette voie. « Des études ont démontré que le temps d’accès à l’emploi d’un doctorant CIFRE était moindre vis-à-vis des doctorants conventionnels, fait savoir Alain Muselli. En moyenne, 90 % d’entre eux trouvent un emploi six mois après la fin de leur stage et le taux d’insertion professionnelle est proche de 100 %. Il s’agit là d’un véritable tremplin, puisque près de 40 % des doctorants CIFRE sont embauchés dans l’organisation partenaire de leur contrat ».
Frida Hussain