Entretien avec Christine Hubans-Pierlot, responsable du service bio-informatique de Genoscreen
Genoscreen est une société française de biotechnologies qui réalise des prestations analytiques en génomique (séquençage, génotypage, bio-informatique).

Entretien avec Christine Hubans-Pierlot, responsable du service bio-informatique de Genoscreen

Comment vous-êtes vous orientée vers le domaine de la bio-informatique ?
Après avoir fait les classes préparatoires (Math Sup, Math Spé), j’ai réalisé une Maitrise de Biologie Moléculaire et Cellulaire à l’Université Lille 1. Puis, au moment où la bio-informatique faisait son « boom », j’ai décidé d’appliquer ce que j’avais appris en classes prépas à la biologie en effectuant un DESS (l’équivalent aujourd’hui du Master 2) de BioInformatique à Rouen.
Ce DESS, très axé sur les mathématiques et les statistiques, se faisait en alternance, ce qui m’a permis de réaliser un stage au sein d’un laboratoire de cancérologie. J’ai finalement décidé de poursuivre jusqu’en thèse, suite à quoi j’ai été embauchée chez Genoscreen.
 
En quelques mots, comment décririez-vous le métier de bio-informaticien ?
Le métier de bio-informaticien consiste principalement en l’analyse et l’interprétation de données biologiques (génétiques, protéomiques, biochimiques, etc.). Il s’agit dans un premier temps de concevoir des outils informatiques à base d’algorithmes mathématiques, de les tester puis de croiser les résultats.
Genoscreen étant spécialisée dans la génomique, j’analyse des données génétiques telles que des génomes complets de bactéries, d’animaux ou encore de végétaux. Mais il arrive également que des médecins nous contactent lorsque leurs patients présentent des mêmes symptômes afin que nous analysions leur génome (en général, de manière partielle) et établissions des points de comparaison entre eux.
Améliorer les traitements est ainsi possible grâce à la bio-informatique. Un des autres domaines que touche mon métier est l’environnement et plus particulièrement la métagénomique [Ndlr : étude des métagénomes - génomes des micro-organismes - à partir de prélèvements directs en milieu naturel]. Par exemple, dans le cas de l’eau d’une rivière, nous analysons l’échantillon prélevé de manière aveugle, ce qui nous permet de trouver la présence de divers organismes tels que des bactéries, des champignons, etc. C’est de cette manière que des parasites dangereux pour la baignade ont pu être détectés dans la Deûle.
 
Qu’en est-il du marché de l’emploi ?
La bio-informatique est un domaine très porteur où il y a énormément de demande et de besoins. Cependant, la plupart des postes pourvus sont des CDD car il y a généralement peu de moyen pour embaucher les bio-informaticiens.
J’ai ainsi pu constater dans mon entourage que beaucoup de bio-informaticiens se tournaient vers l’informatique qui recrute mieux.
Je dirais que le problème réside dans le fait que le métier de bio-informaticien se trouve à l’interface entre trois domaines : la biologie, l’informatique et les mathématiques. C’est pourquoi il y a quelques année, on embauchait soit des biologistes soit des informaticiens.
Toutefois, les bio-informaticiens commencent de plus en plus à trouver leur place et la concurrence s’avère moins rude qu’avant, le nombre de formations en bio-informatique ayant diminué depuis 3-4 ans.
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