Une formation pour devenir ingénieur forestier
À l'occasion du salon Euroforest, l’institut des sciences et industries du vivant et de l’environnement AgroParisTech a présenté un nouveau diplôme en Sciences et Ingénierie Forestière (SIF) axé sur le métier d'ingénieur forestier.

Une formation pour devenir ingénieur forestier

Le diplôme en "Sciences et Ingénierie Forestières" d’AgroParisTech correspond à une formation de niveau bac + 5 en ingénierie et vient compléter un diplôme d’ingénieur en sciences et ingénierie du vivant, à AgroParisTech, à AgroSup Dijon voire d’autres écoles.

Qu’est-ce qu’un ingénieur forestier ?

Comme le rappelle Mériem Fournier, directrice du campus AgroParisTech de Nancy, un(e) ingénieur(e) forestier(e) a des connaissances en écologie et en économie, et des compétences pour planifier dans le temps et dans l’espace les travaux qu’il faut faire pour que la forêt rende tous les services que l’on attend : produire du bois et du travail pour un secteur de 440 000 emplois en France, de la biodiversité, de l’eau potable, du bien être pour les promeneurs... Il (elle) maitrise aussi des techniques spécifiques (diagnostic des sols, botanique, sylviculture, mesure des arbres, cartographie numérique, modélisation). Il (elle) exerce en France ou à l’étranger notamment là où il y a des forêts tropicales menacées, en milieu rural ou dans les grandes villes où sont les centres de décision, en entreprise, en bureau d’études, ou dans le secteur public. Les ingénieurs forestiers aiment le contact avec la nature et le terrain mais ils savent surtout encadrer, organiser et négocier. On trouve plus de 50% de femmes parmi les ingénieurs forestiers.

Le parcours

Pour devenir ingénieur forestier, il faut compter cinq années d'études après le bac, dont trois ans de formation en école d’ingénieur. Chez AgroParisTech, on entre par plusieurs voies (classes préparatoires BCPST, licences universitaires, cursus technologique BTS ou DUT). La première année est commune avec les formations généralistes en sciences du vivant avec un stage de découverte de l’entreprise, puis la deuxième année à Nancy permet d’acquérir les bases de la foresterie, avec de nombreux projets de terrain et un stage plus long. La troisième année est celle de la spécialisation, essentiellement à Nancy (gestion de la multifonctionnalité forestière, gestion des milieux naturels, évaluation des ressources et conception de filières bois durables, foresterie urbaine, forêts européennes…) ou à Montpellier et Kourou (gestion des forêts tropicales). La troisième année peut aussi se faire sur des spécialités plus originales (interfaces agriculture forêt, gestion des entreprises, aménagement des territoires, recherche en écologie) où les élèves ingénieurs forestiers se forment avec d’autres étudiants mais doivent effectuer leur stage de 6 mois sur une problématique forestière pour valider le diplôme. Le diplôme d’ingénieur se prépare aussi par apprentissage (une dizaine d’ingénieurs forestiers choisissent cette voie chaque année) sans ségrégation (les apprentis ont les mêmes enseignements en dehors de leurs périodes en entreprises) ou sous statut d’élève fonctionnaire (il faut alors passer le concours spécifique à AgroSupDijon). Une grande partie des ingénieurs forestiers pratiquent une césure entre la deuxième et la troisième année pour découvrir les pratiques et l’éthique du métier dans d’autres pays du monde.

Les débouchés

Les débouchés sont nombreux. En France, l’ingénieur(e) peut gérer directement quelques milliers d’hectares de forêt avec des équipes de techniciens à l’Office National des Forêts, en coopérative forestière ou dans des cabinets d’experts privés. Il (elle) peut aussi exercer ces métiers à l’étranger et la foresterie internationale est très structurée (les étudiants forestiers ont une association internationale, l’IFSA (International Forest Student Association), le diplôme AgroParisTech est reconnu par exemple par l’Ordre des Ingénieurs Forestiers du Québec). Il ou elle peut faire du conseil ou du contrôle, ou encore de la recherche et développement. Il (elle) peut aussi travailler pour les secteurs de la conservation de la biodiversité notamment dans les grandes ONG internationales ou du développement durable des territoires, par exemple dans les parcs naturels régionaux. L’innovation est très active, pour s’adapter au changement climatique, pour tirer parti des outils numériques, pour produire des systèmes d’information fiables.

Avoir la main verte pour le maintien des écosystèmes

Parce qu'elles couvrent un tiers des terres émergées de la planète et représentent 30% du territoire français, les forêts ont de multiples fonctions : réguler le climat, produire des matériaux, de l’énergie, des molécules et enfin accueillir toute une biodiversité. Le cycle d'une forêt peut s'étendre sur une période allant de 50 à plus de 250 ans, ce qui demande à l'ingénieur forestier de se projeter sur le long terme. Les facteurs de ce cycle sont multiples : le climat, la composition entre les essences pour la conquête des espaces, le rôle des différents organismes, les flux d’énergie et de matière... Certains éléments et/ou évènements peuvent venir perturber les cycles des forêts, comme les aléas climatiques, la prolifération de pathogènes (insectes ou champignons) ou de la grande faune herbivore, la surexploitation des ressources ou au contraire leur sous-exploitation par manque d’organisation et d’adaptation aux marchés. Enfin, la forêt n’est pas un décor immuable, elle évolue en continu et par exemple elle s’adapte plus ou moins facilement aux tendances actuelles du réchauffement climatique. En suivant la santé des écosystèmes notamment le bon fonctionnement des sols (car on ne met pas d’engrais en forêt, on respecte le cycle naturel malgré des sols bien plus pauvres que les sols agricoles), en participant au maintien de la biodiversité (80% de la biodiversité terrestre est en forêt), en produisant du carbone renouvelable pour éviter de déstocker du pétrole et du carbone fossile (60% des énergies renouvelables en France sont du bois, un habitant sur 5 dans le monde vit dans une maison en bois ou en bambou), en renouvelant les forêts pour les générations futures (planter des arbres ou permettre aux graines produites naturellement de se développer, surtout assurer leur bonne croissance et cycle de vie), en gérant les interactions entre services (assurer en même temps la récolte de bois, l’accueil des randonneurs, le maintien de la biodiversité, les captages d’eau potable…, c’est possible avec une bonne organisation), en trouvant les moyens de ces actions qui représentent beaucoup de travail, de technologies et d’investissement financier, l'ingénieur(e) forestier(e) assure des forêts vivantes, durables et productrices de services.

Emma Lalouis et Cloé Bineau

En savoir plus:

- Sur les formations proposées par AgroParisTech, http://www2.agroparistech.fr/Cursus-ingenieurs.html
- Sur la gestion durable des forêts, http://www.onf.fr/gestion_durable/
- Un site web spécialisé dans l’actualité forstière, www.forestopic.com