L'orthoptique : un domaine méconnu
Le domaine de la vision est habituellement rattaché au seul métier d'ophtalmologue. Pourtant, un autre professionnel moins connu est capable d'effectuer les tâches les plus courantes et ainsi de désengorger la file d'attente des ophtalmologues : l'orthoptiste.

L'orthoptique : un domaine méconnu

Le 6 juin est la date de la journée mondiale de l’orthoptique, occasion de découvrir cette discipline médicale.

 

La profession

L’orthoptiste est un spécialiste du dépistage, de la rééducation et de la réadaptation oculaire. Il intervient notamment à la demande d’un ophtalmologue pour mesurer le champ visuel ou déceler des strabismes. Il mesure le degré de sensibilité visuelle, la capacité d’accommodation de la vision, et observe la mobilité des globes oculaires. Les examens menés par les orthoptistes ont pour objectif de déceler des pathologies mineures, comme la myopie ou l’hypermétropie. Ils peuvent également dépister chez les jeunes enfants de l’amblyopie (fait de ne pas voir d’un oeil), ou encore de l’amétropie (fait d’avoir besoin de lunettes). En effet, selon le Syndicat National Autonome des Orthoptistes, un enfant sur sept voit mal : plus les pathologies sont détectées tôt, pour il sera facile de les guérir ou de les gérer.

En France, pour pouvoir devenir orthoptiste, il faut obtenir le certificat de capacité d’orthoptiste, après trois ans d’études. On y accède par concours, et le Numerus Clausus de l’année 2017-2018 était de 409, ce qui est assez faible. C’est une profession paramédicale de niveau bac+3 que l'on peut exercer avec un statut de salarié (en poste hospitalier) ou en libéral. 75% des orthoptistes en France sont des libéraux, ce qui s’explique par la rareté des postes en hôpitaux ou en centres de rééducation. Le problème : s’installer à son propre compte nécessite des fonds importants qu’il faudra par la suite rentabiliser.

 

Les liens et les différences avec les ophtalmologues

L’orthoptiste est un auxiliaire médical, tandis que l’ophtalmologue est un médecin spécialisé : c’est à lui uniquement que reviennent les décisions thérapeutiques. Néanmoins, il existe plusieurs actes tels que renouveler des ordonnances de lunettes ou de lentilles que les ophtalmologues réalisent qui peuvent être parfaitement exécutées par des orthoptistes. Les orthoptistes permettent de désengorger les files d'attente chez les ophtalmologues. Il faut en effet 108 jours en moyenne en france pour avoir un rendez-vous chez un ophtalmologue, un délai qui atteint 205,3 jours dans certains départements comme la Loire. (source france tv). L’orthoptiste peut également mener des actions de dépistage afin de n’adresser aux ophtalmologues que les personnes requérant des soins médicaux importants.

 

Cadre légal

Depuis quelques années, la place de l’orthoptiste a été étendue grâce à plusieurs lois qui impactent cette profession. La loi du 21 décembre 2015 introduit un nouvel article L. 162-12-22 dans le Code de la sécurité sociale (CSS) permettant l’augmentation de coopérations entre ophtalmologistes et orthoptistes. Ce même article prévoit des contrats de coopération pour les soins visuels pouvant être conclus avec les ophtalmologues. L’objectif : inciter le médecin à recruter et former un orthoptiste.

La loi du 26 janvier 2016 du Code de la santé publique (CSP) vise une meilleure répartition des tâches entre le médecin et l’orthoptiste. Elle autorise l’orthoptiste à prescrire ou renouveler les prescriptions médicales telles que les prismes ou les caches oculaires. De nouvelles compétences sont également attendues : la réalisation de séances d’apprentissage à la manipulation et à la pose des lentilles. (Source macsf)

Le 6 février 2017, un décret est venu préciser la loi du 21 décembre 2015, avec trois contrats-types établis. Le premier vise à inciter les ophtalmologues à accueillir un étudiant de troisième année de préparation du certificat de capacité d’orthoptiste, le but étant de les former au travail de coopération. Le deuxième décret veut inciter les ophtalmologues à recruter un orthoptiste salarié, afin de canaliser leur activité sur le diagnostic et le suivi des pathologies complexes. Un troisième prévoit que “les agences nationales de santé et les organismes locaux d’assurance maladie peuvent conclure un contrat collectif pour les soins visuels avec les maisons et centres de santé. La durée de ce contrat serait de trois ans. (Source légifrance)

 

 

Lalouis-Gret Emma